QUELQUES DEFINITIONS CONNEXES
Dojo : C’est le « lieu de la pratique », là (JO) où la voie (DO) s’exerce, s’expérimente, se travaille, s’étudie. Il en va ainsi à l’origine de la salle d’étude des temples pour la méditation bouddhiste zen. Par la suite, ces grandes salles seront utilisées pour la pratique martiale des différents BUDO. De fait, elles sont régies par des règles strictes, avec des équipements (kamiza, l’autel des kami), une orientation (kamiza face au sud), des emplacements (par ancienneté de pratique, de grade ou d’age depuis l’ouest vers l’est), prédéfinis. Le tout se place sous la direction, supervision d’un maître, d’un sensei.
Sensei : Encore une appellation ou désignation qu’il faut aborder avec prudence. On le traduit par « maître ». Oui et non. Pour quelqu’un qui voudrait diriger le monde, l’univers ou que sais-je, soit. Mais pour nous, il s’agit plutôt de « celui qui a appris avant », « celui qui sait ». C’est quelqu’un dont le savoir et l’expérience font référence. Dès lors, il est justifié de lui demander un enseignement afin que son savoir-faire soit transmis à d’autres. Ceux-ci devront sans doute un jour faire de même. Il en va ainsi d’un enseignant, d’un professeur, mais aussi d’un artiste reconnu ou encore d’un médecin. Nous devons ici parler de plusieurs appellations connexes. Shihan désigne un maître d’armes. Renshi, kyoshi, hanshi désignent l’instructeur, le professeur et le maître. Ce dernier est le plus haut grade chez les 8ème dan. Et puis enfin, le soke. C’est le directeur d’une école d’arts martiaux, il en est « l’héritier » en droite ligne du fondateur.
Samouraï : C’est une notion importante sur laquelle il faut revenir. Il faut rappeler que le samouraï est un « serviteur », ou peut-être « celui qui sert ». Il s’agit d’une caste de guerriers, dédiés à la protection des biens et des personnes, qui est née de toutes les péripéties de l’histoire, à peu près à l’orée du premier millénaire. Ils se différencient des autres guerriers du fait de cette notion de hiérarchie et de dévouement à l’autorité qui se codifiera avec le temps et deviendra le code du bushido, sorte de code moral. A cette époque-là, il n’y a encore rien d’écrit, mais ce code s’ancre profondément dans les mœurs. Loyauté, honneur, obéissance, mépris de la mort sont les maîtres mots, le tout renforcé de préceptes zen. Ce n’est qu’en 1615 que les premières règles sont formellement écrites puis reprises et complétées en 1716 dans le livre Hagakure. Cette caste perdure jusqu’à la révolution Meiji, en 1868, et est dissoute en 1876 avec l’interdiction du port du sabre.
Katana : C’est le sabre de tout samouraï qui se respecte. Mais c’est aussi tout un symbole et pour cette raison, faisons un peu de mythologie. Le couple divin créateur de l’archipel nippone engendra plusieurs divinités. L’une d’elles, Amaterasu, déesse du soleil, envoya sur Terre son petit-fils avec trois objets précieux : un miroir, un collier et un sabre. Un de ses fils, connu son le nom de Jimmu, est le premier des empereurs de la lignée d’origine divine qui règneront sur le Japon jusqu’à nos jours. C’est ce que racontent les écrits anciens, commandés au début du VIIIème siècle pour justifier de la légitimité de l’empereur et de son pouvoir sur les siens. Il faut rajouter que ces trois objets figurent dans les regalia impériaux. Respectivement, il symbolise la connaissance suprême, il permet l’accès au monde divin et il donne la puissance du commandement. C’est ce symbole, le sabre, par délégation, qui justifie de l’existence des samouraïs ou bushis et de leur autorité. Techniquement, c’est une lame courbe, mesurant plus de 2 shakus de partie tranchante (1 shaku = 30,2 cm), pesant entre 800 g et 1,3 kg. Avec le wakizashi (entre 1 et 2 shakus), ils forment le daisho.
Kata : Ce mot se traduit par « forme », « façon » ou « moule ». Comme dans l’apprentissage d’une langue où l’on répète des phrases toutes faites, celles-ci mettent en place un vocabulaire, une syntaxe, une grammaire de base qui pourront être aisément applicable à toute sorte de situation. Sur la base de techniques et de mouvements qui s’enchaînent de façon précise, les katas permettent l’étude des gestes, des postures, de la gestion du temps et de l’espace, de l’équilibre, de la coordination, ainsi qu’un travail individuel ou collectif en toute sécurité. Ce sont donc des outils d’étude, de transmission technique, de principe et de combat. On parle aussi souvent de scénario.
Shogun : Général. Diminutif ou abréviation de Seiitaishogun : grand général pacificateur des barbares ou des envahisseurs ou encore aux frontières. C’est un titre décerné à l’origine à Sakanoue no Tamuramaro au début de la période Heian (794-1185). Il avait pour mission de contrôler les régions du nord de Honshu, qui refusaient jusqu’alors l’autorité de l’Empereur. Une fois ces rebelles, les Emishis, intégrés, sinon repoussés sur Hokkaido, le sens de Shogun se modifia. Mais techniquement, ils ne sont que très peu à avoir reçu le titre de Shogun par l’Empereur. Bien sûr, Rome ne s’est pas faite en un jour et donc il y en a eu plusieurs pendant la période Heian. Mais ensuite seuls trois ont reçu ce titre, enfin, forcé l’Empereur à le leur donner…Le premier Minamoto no Yorimoto à l’avènement de la période Kamakura (1185-1333), le deuxième Ashikaga Takauji à la période Muromachi (1336-1573), et le troisième Tokugawa Ieyasu clôturant la période Sengoku et ouvrant celle d’Edo (1603-1868), la plus longue sous le règne d’une même famille. Une fois le titre obtenu, ces chefs de clan l’ont transmis héréditairement d’autorité. On parle souvent aussi de dictateur militaire.
Kamikaze : Dans la seconde moitié du XIIIème siècle, les mongols de Kubilaï Khan tentent par deux fois d’envahir le Japon. La première fois, un violent orage disperse la flotte d’invasion et fait avorter la tentative. La deuxième fois, sept ans plus tard, c’est un typhon qui se mêle des affaires et détruit la flotte. Les quelques troupes débarquées sont rapidement anéanties. Il n’en reste pas moins que ces vents, qui ont accompagné ces évènements, étaient sans doute d’origine divine puisque, de fait, ils ont sauvé le Japon. Dès lors, ils sont reconnus comme les Kamikaze, vents divins, et on comprend bien sur leur « utilisation » symbolique dans le Pacifique pendant la seconde guerre mondiale…
P. DEGORS