IAIDO
A. Iaido : définition
Commençons d’abord par une « définition » : souvent appelé « la voie du sabre » ou « l’art des samouraïs », il apparaît qu’une traduction littérale de « iaïdo » donne : « la voie de l’unité de l’être ».
Pour le novice, cela peut paraître assez confus, mais, qu’il se rassure, ce n’est pas toujours évident pour le pratiquant aguerri… En effet, notre discipline est très axée sur l’ »ego », l’être disait-on plus haut. Cet ego représente toute la difficulté de la pratique et c’est pourquoi d’aucuns s’accordent à dire qu’il est nécessaire de le « trancher ». Nous parlons ici des ressources intrinsèques à tout individu, connues et/ou inconnues, et qu’il nous faudra utiliser ou réprimer, pour les connues, ou bien découvrir et développer pour les autres.
Bien entendu, il s’agit en premier lieu de s’exercer dans la pratique d’un art martial traditionnel, le strict maniement du sabre. Mais nous nous apercevrons bien vite que toute l’ardeur, l’assiduité, la concentration, la précision que nous pouvons y mettre restent commandées par ce corps qui nous abrite, cet « Etre » (I) ou « ego » qui fait le lien avec l’arme… Il est donc indispensable de travailler dès lors à l’ »Unification » (AI) de cet ensemble pour une bonne « Pratique » (DO). Pas facile tous les jours !…mais avec le temps, et chacun à son propre rythme, rien d’impossible pour les cœurs vaillants. Il n’y a pas lieu ici de théoriser d’avantage, voire de philosopher, voyons donc le plan pratique.
Le point essentiel de la pratique, c’est le « dégainer-couper ». On note que, pour utiliser son arme, il convient au préalable de la sortir du fourreau. Mais rapidement on s’aperçoit que cela représente une perte de temps. Donc, essayons d’utiliser ce temps, « dégainer », de façon concrète et efficace afin de pouvoir porter la première attaque : « couper ». C’est ainsi, historiquement, que s’est imposé le port du sabre : le tranchant de la lame dirigé vers le haut. C’est à partir de ce constat, notamment, que le iaïdo s’est développé et a gagné ses lettres de noblesse.
Ensuite, il convient de poursuivre son action jusqu’au moment où l’on peut rengainer et « quitter » la scène, tout danger étant dès lors écarté. Pour se faire, il n’y a besoin finalement que de très peu de techniques : après le « Nuki-tsuke » (dégainer-couper) viennent le « Furikabute » (armer le sabre), le « Kiri-tsuke » (trancher), le « Chiburi » (secouer le sang), et le « Noto-tsuke » (rengainer). Ce sont les techniques fondamentales que l’on retrouve dans toute la pratique de la discipline. Bien sûr, ce n’est pas tout à fait aussi simple qu’il n’y parait : chaque geste a ses propres particularités de réalisation ; l’un devra être rapide ; un deuxième devra manifester une pression sur l’adversaire ; un autre encore devra régler la hauteur et l’axe de la coupe ; tout adversaire peut se présenter venant de toute direction possible sur la rose des vents, etc.…
Tout ceci est réalisé sur la base de Katas. Comme au théâtre, ils mettent en scène des situations codifiées avec un ou plusieurs protagonistes dont il conviendra de « faire façon ». Le scénario est réglé, même s’il subit quelques modifications de temps à autre de la part des experts japonais. Ainsi, la difficulté de la pratique vient de l’exécution de ces Katas dans lesquels tout pratiquant aura à cœur, selon son niveau, de faire « vivre » le scénario, en tentant de manifester la présence de l’adversaire. A l’extrême, tout spectateur regardant exécuter quelque Kata devra pouvoir s’imaginer sans doute possible la scène qui se déroule devant lui.
Ainsi donc, si le iaïdo concerne essentiellement le maniement du sabre, ceci ne représenterait que la partie visible de l’iceberg. Il s’agit d’un BUDO traditionnel (art guerrier). Dans l’esprit, il est comparable à d’autres tels que la calligraphie, l’Ikebana (arrangement floral) ou encore la cérémonie du thé. Dès lors, on ne négligera pas les à-côtés liés à un état d’esprit, une façon d’être, une attitude face aux évènements. Si l’on en croit les experts ceci va au-delà du dojo, cela devrait nous apporter quelques bienfaits dans la vie quotidienne. Nous voila revenus à grandes enjambées aux digressions métaphysiques, aussi vous invitons nous à venir découvrir, dans un premier temps, le strict problème physique, qui à lui seul occupe pas mal de temps et d’énergie.
P. DEGORS